L'actualité de la crise : C'EST AU PIED DU MUR…, par François Leclerc

Billet invité.

A nouveau, cela ne va pas vraiment bien, que va-t-il pouvoir se passer ? On ne compte plus les déclarations contradictoires à propos des conséquences maîtrisées, ou au contraire imprévisibles, d’une sortie de la Grèce de l’euro. Les avis, chiffrages et calendriers divergent, avec à l’arrivée une belle cacophonie. Pour le pire, les dirigeants politiques sont à l’oeuvre.

Les uns, comme Karen de Gucht, commissaire européen au commerce, se veulent rassurants, au prétexte que des scénarios de sortie ont été élaborés, tout en faisant appel au sang-froid et en appelant les Grecs à la raison. Mais ils se font taper sur les doigts pour oser avancer que la Commission travaille sur un plan au cas où… D’autres, comme Martin Schulz, président social-démocrate allemand du Parlement européen, expliquent à propos de cette sortie que « beaucoup voient la fin d’une évolution négative, moi je vois le début d’une évolution encore plus négative ». Mario Draghi, le président de la BCE, reste quant à lui réfugié dans son silence.

Si les analyses varient, les calendriers également. Jean-Marc Ayrault, le nouveau premier ministre français, estime qu’il faut « beaucoup travailler » d’ici le sommet européen de fin juin, afin de trouver un compromis franco-allemand sous-entend-il. D’autres affectent la sérénité, comme Wolfgang Schäuble, le ministre des finances, pensent que cela sera au pire un mauvais moment à passer : « dans douze à vingt-quatre mois on connaîtra un apaisement des marchés financiers ». La City prend toutes les dispositions envisageables pour y laisser le moins de plumes possibles, le reste lui important peu.

Le maximum sera fait pour tenir la Grèce le nez hors de l’eau, en attendant les nouvelles élections. Le dernier sondage disponible redonne corps à une possible majorité parlementaire Nouvelle Démocratie-Pasok. Selon le bureau du premier ministre grec par intérim, Angela Merkel aurait suggéré l’organisation d’un référendum parallèle portant sur le maintien ou la sortie de l’euro, afin de peser sur la consultation. Mais elle a fait depuis démentir. C’est cependant une idée qui court.

Les finances espagnoles, elles, ne cessent de dévisser. Moody’s dégrade d’un à trois crans 16 banques et 4 régions, dont la Catalogne, les banques trébuchent en bourse, d’importants retraits en catastrophe sont enregistrés à Bankia, et le taux des créances douteuses continue inexorablement de monter, selon la Banque d’Espagne. Le plan gouvernemental de sauvetage des banques ne convainc personne, sauf le gouvernement allemand, dont le porte-parole considère qu’il n’y a pas « pour le moment de raison de douter » de la capacité de Madrid à le mettre en oeuvre. Ne pouvant simplement se présenter sur les marchés, Mariano Rajoy vient de lever 30 milliards d’euros grâce à un prêt syndiqué souscrit auprès de 26 banques (dont Santander, BBVA, Bankia et CaixaBank…). Ces fonds sont destinés au refinancement des dettes et au règlement des fournisseurs des 17 régions, dont les plans d’austérité ont été acceptés par le gouvernement pour 16 d’entre elles (sauf les Asturies). Ils représentent 18 milliards d’euros, dont 13 de coupes budgétaires et 5 de nouvelles recettes. Le système se mord le bout de la queue : les banques aident l’Etat qui aide les régions, en attendant d’être aidées par les Etats. Tout cet édifice aux allures prononcées d’expédients est très fragile.

Dessinée par le FMI suivant les conseils américains, une nouvelle mode va être lancée à l’occasion du défilé du « G8 » de cette fin de semaine. Elle conjugue avec hardiesse austérité et croissance, mais le secret de son assemblage reste encore à être percé des deux côtés de l’Atlantique. En nettement moins politique, mais financièrement plus réaliste, Jean-Claude Trichet fait son « comeback » et propose à l’opposé une toute autre ligne, intitulée « fédération par exception ». Elle permettrait à la zone euro de déclarer la faillite de l’un de ses Etats membres et de prendre le contrôle de sa politique budgétaire.

Le scorpion se pique mortellement lui-même dans son bocal, observe Paul Jorion pour sa dernière chronique publiée dans Le Vif/L’Express. Additionné aux compromis improvisés et sans lendemain qui se cherchent en Europe, le retour des dérapages de la spéculation financière dont JP Morgan Chase est cette fois-ci l’apprenti sorcier (pour paradoxalement se couvrir de risques pris auparavant), ne peut avoir meilleure image.

Comment réagissaient les marchés aujourd’hui ? Ils résistaient sur les places européennes, habituées au déferlement de mauvaises nouvelles, les investisseurs se serrant dans les refuges du marché obligataire. Le Bund à dix ans évoluait sous 1,40%, son plus bas historique depuis la création de l’euro. Les obligations espagnoles et italiennes de même maturité étaient au-dessus de la barre des 6%. « Ô temps, suspends ton vol… »

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Les CHRONIQUES DE LA GRANDE PERDITION viennent de paraître.

54 réponses sur “L'actualité de la crise : C'EST AU PIED DU MUR…, par François Leclerc”

  1. « une belle cacophonie » … avant accusations de sorcellerie ou de sabotage.

    Pour mémoire : VILLA GILLET, Quand le peuple agit : révoltes, révolutions, réformes, à Lyon le 12 janvier 2012
    « Mais, et là on passe à l’autre aspect, c’est que les individus, les personnes qui sont dans des structures ont des sentiments. C’est une perspective qui a été développée par un anthropologue britannique Rodney Needham qui a parlé d’une problématique de structures et de sentiments. Les hommes sont dans des institutions, dans des structures qui les obligent à un certain type de comportements, mais il y a aussi le sentiment, la manière dont eux ressentent les choses. Dans des situations comme celles qui produisent la scission des villages, ça se ne produit qu’à la suite de tensions énormes qui vont opposer une partie du village à une autre et c’est cela qui va produire le processus. Les villageois, eux n’ont absolument pas conscience des tensions qui existent, qui sont observables par le biologiste, je dirais même par le physicien. Dans le cas du village africain, la prise de conscience est du type suivant. En général, il y un antagonisme qui se développe entre deux frères appartenant à un lignage dominant et les villageois prennent parti pour l’un ou pour l’autre et ce qui est typique dans les cas décrits par les anthropologues, c’est qu’à ce moment là fleurissent des accusations de sorcellerie. Il n’y a pas vraiment de sorcellerie qui est pratiquée, mais chacun suppose que la partie adverse est en train d’essayer d’ensorceler. La tension monte jusqu’au point où en général, le frère cadet part avec un certain nombre de villageois pour s’établir ailleurs dans un environnement qui n’a pas été utilisé, en tous cas pas récemment. Et une partie du village reste où elle était et le déplacement d’une partie importante de la population rend cet environnement à nouveau vivable pour un groupe très réduit.

    Dans mon expérience d’anthropologue, j’ai assisté à des choses du même ordre dans la constitution des équipages de pêche artisanale en Bretagne. C’était des équipages fondés sur une logique familiale. Il y avait un cycle que j’ai observé dans les années 1970 dans l’île de Houat dans le Morbihan, ça n’existe plus. Un cycle qui existait depuis deux siècles au moins. C’était la succession dans le cycle d’un équipage constitué d’un père avec ses jeunes fils et à la phase suivante, le père se retirait et il restait un équipage de frères. Ce qui ne s’expliquait pas selon les pêcheurs, c’était pourquoi, alors que les équipages constitués d’un père avec ses fils étaient extrêmement stable, les équipages constitués de frères explosaient très rapidement. C’est en regardant la logique économique, la logique écologique, en parallèle avec le phénomène de fission des villages africains que j’ai constaté que dans le cas d’un père avec ses fils, un nombre de consommateurs très réduit dépendait de l’équipage, il y avait en plus les soeurs, la mère, un nombre relativement réduit de personnes. Tandis que quand on passait à un équipage de frères uniquement, quand le père se retirait, on avait en général une situation où les frères était mariés depuis peu avec des jeunes enfants, parfois très nombreux. Le nombre de consommateurs qui dépendait de l’équipage pour leur survie économique était multiplié par deux, multiplié par trois. En fait, ce qui conduisait à l’éclatement des équipages était simplement cette pression économique, il y avait moins d’argent pour tout le monde. Le parallèle avec la sorcellerie en Afrique, c’était que les accusations, qui en général n’étaient pas justifiées non plus, étaient des accusations de sabotage. Les situations étaient très tendues. J’ai entendu des histoires de frère jeté à l’eau par une série de ses autres frères. Il y avait des violences, des combats au couteau. Cette tension économique était très considérable.

    Dans les sociétés où nous vivons, nous, il y a un processus inéluctable de concentration de la richesse qui est lié à une institution qui est la notre : le prêt à intérêts. Il se trouve que dans nos sociétés, il y a un certain nombre de personnes qui ont des capitaux, des sommes dont elles n’ont pas un besoin immédiat, qui peuvent les prêter en échange d’un paiement d’intérêts. Ce qui fait qu’un certain nombre de gens qui avaient déjà des sommes disponibles, en trop d’une certaine manière puisque ceux qui empruntaient c’était ceux qui n’en avaient pas assez, peuvent mettre ces sommes à la disposition des autres et des intérêts seront versés. C’est donc un processus inéluctable de concentration des richesses. C’est un processus qui produit des révolutions parce qu’une partie de la population ne dispose pas des sommes suffisantes, ce qui grippe la machine économique de deux manières. Un chiffre a été communiqué récemment par Joseph Stiglitz : dans la période qui va de 2000 à 2006 aux États-Unis, les 80% des ménages les moins riches aux États-Unis dépensaient 110% de leurs revenus. Ce n’était possible qu’uniquement par l’existence d’une bulle sur le marché immobilier qui permettait de refinancer et d’obtenir 110% par année. Une telle situation crée une fragilité énorme dans le système car il arrive un jour où il faudra régler les comptes et l’on s’apercevra que les sommes qui doivent être remboursées ne peuvent pas l’être. D’autre part, par manque de pouvoir d’achat du côté de la population, ceux qui ont des sommes en trop, c’est à dire ceux qui disposent de capitaux, ne peuvent plus les investir dans la production de marchandises supplémentaires et ils les utilisent sur les marchés de la spéculation qui dérèglent entièrement le processus de formation du prix. On se trouve donc dans une situation de processus de concentration de la richesse et du pouvoir en même temps. C’est Adam Smith qui disait qu’il y avait deux sens au mot commandement : l’argent permet de commander, c’est à dire de faire des commandes, de demander à des gens de travailler pour vous et d’obtenir des produits, mais aussi de commander, c’est à dire de donner des ordres. La solution à cette concentration inéluctable de la richesse et du pouvoir est en général la révolution. Il n’y en a pas d’autre. On parle parfois de la fiscalité, mais la fiscalité peut uniquement figer des situations existantes. Les guerres occasionnellement permettent de faire l’économie de révolutions parce qu’on détruit de la richesse et il y a homogénéisation de la richesse par sa destruction. Sinon, l’autre technique qui peut être utilisée est celle de la confiscation qu’on a vu pendant la révolution française. On confisque les biens du clergé et des aristocrates qui ont émigré. Notre problème, c’est d’avoir pris conscience que ces révolutions sont inéluctables parce que nous n’avons pas trouvé un moyen d’arrêter cette dynamique de la concentration de la richesse. Notre problème, c’est que les révolutions en général produisent de nouvelles aristocraties qui devront être remplacées finalement par le même processus. Nous sommes dans une fuite en avant, faute d’avoir réfléchi à la capacité de nos environnement à nous supporter avec un nombre de population bien particulier. »

    1. Le moyen de passer d’un système démocratique à un autre système démocratique ne s’appelle-t-il pas une élection et non pas une révolution ? A moins qu’il ne s’agisse de passer d’un système démocratique à un système totalitaire, au nom de la déconcentration des richesses ? Le remède ne serait-il pas pire que le mal ?

      1. Les élections ne sont pas le bon moyen pour la raison que leur organisation et donc leur résultat est établi par ceux qui disposent du pouvoir, les élections maintiennent le système en place tout en donnant l’illusion du changement.
        C’est le meilleur moyen de faire accepter un système par tous ceux qui en subissent les inconvénients.
        Qu’en à la révolution, comme son nom l’indique elle est le moment ou le système est replacé dans son état d’origine (supposé), égalité de fait de tous.
        Le guerre permet aussi ce recalage du système.

        C’est ce que nous explique si bien Escargot fujisan.

        La révolution à cela de déprimant qu’elle signifie le retour au point de départ.
        Quand à la guerre, ça se passe de commentaires.
        Reste que la vie est une longue (pour les plus chanceux) maladie mortelle, à laquelle personne n’échappe, sauf ceux qui marchent sur l’eau, mais essayez pour voir!

        Et pourtant la vie est merveilleuse.

  2. Wolfgang Schâuble : « dans douze à vingt-quatre mois on connaîtra un apaisement des marchés financiers »

    On repousse chaque jour le seuil paroxysmique du bordel socio-économique, et on en est encore à entendre des ministres dire ce genre d’ânerie.

    1. Lagarde : « Le gros de la crise est derrière nous » (2007)

      http://tempsreel.nouvelobs.com/economie/20070820.OBS1150/christine-lagarde-estime-que-le-gros-de-la-crise-est-derriere-nous.html

      Je sais que cette phrase est souvent ressortie même sur le blog mais bon ça prouve juste que nos « élites » savent très bien que leur système est en train de prendre l’eau, ils essayent juste de retarder un peu l’inévitable en nous prenant pour des abrutis.

      1. D’un autre côté, quand on dit aux gens la vérité, ils nous rétorquent excédés que ça fait des années qu’on le dit et que ça n’arrive toujours pas…

  3. L’Espagne lance un vaste audit de ses banques.

    GOLDMAN SACHS MANDATÉ SPÉCIALEMENT POUR BANKIA

    Le gouvernement de Mariano Rajoy a par ailleurs mandaté Goldman Sachs pour procéder à une évaluation indépendante de Bankia, qui présente la situation la plus urgente du secteur et dont l’Etat a pris le contrôle la semaine dernière, selon le quotidien Expansion.

    Goldman Sachs est chargée d’étudier les comptes de Bankia et de sa maison mère BFA, explique Expansion, pour déterminer d’ici un mois combien les pouvoirs publics devront injecter dans le groupe pour le remettre à flot, alors que le cabinet d’audit Deloitte a identifié plusieurs faiblesses dans les comptes 2011.

    GS…no comment.

    http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/05/18/l-espagne-lance-un-vaste-audit-de-ses-banques_1703895_3234.html

  4. Le risque de la fuite en avant semble s’être encore aggravé avec l’arrivée de FH dont la doctrine repose sur deux piliers: maintien de la Grèce hors de l’eau moyennant de nouvelles aides, émission d’eurobonds pour financer la relance. La conséquence en sera un accroissement de la dette qui justifiera de nouvelles coupes budgétaires et la mise en oeuvre de ces fameuses réformes structurelles que les libéraux appellent de leurs voeux et qu’ils espèrent pouvoir imposer enfin aux peuples européens à la faveur de cette crise.

    1. l’émission d’eurobonds peut permettre de rétablir un cercle vertueux avec la mutualisation des dettes qui permettra à chaque état européen d’emprunter au même taux,
      ce n’est donc pas une fuite en avant c’est plutôt un bond en avant en prenant le taiureau par les cornes !

      1. La mutualisation de la dette européenne serait un pas en avant, certes, mais inenvisageable sans 10 pas en avant en matière d’intégration administrative, 100 pas en avant en matière de fédéralisation du budget des Etats (et surtout du contrôle qui va avec), et 1000 pas en avant en matière de fiscalité des personnes et des entreprises. Difficile quand on sait que le contrôle du budget est la prérogative historique sacrée des parlements nationaux (depuis la Grande Charte ?)… ou alors, on soustrait clairement et définitivement ce droit aux Etats membres mais… c’est sensible politiquement, voyez-vous ? Alors, 27 pays d’accord là-dessus ? Pas certain… FH en est conscient : il mise d’ailleurs sur des bonds particuliers visant à promouvoir l’investissement sur des projets définis et sur le rôle de la BEI. L’Eurobond, c’est un phantasme, c’est mettre la charrue avant les boeufs sur un terrain non labourable qui appartient à quelqu’un d’autre. La structure « frankenstein-esque » de l’UE actuelle ne s’y prête pas. Dernière chose : l’argument du « tout le monde pourra emprunter au même taux » est scandaleux. Voyez à quoi cela mène aujourd’hui. La solution ? on regarde les problèmes en face, on restructure les dettes des états de force, on assainit ce qui doit l’être dans les dépenses publiques, on repense tous ensemble la démocratie et les constitutions, on met en taule les corrompus de tout bord et surtout on met à bas (en les démembrant) les gigantesques entreprises privées qui polluent l’économie actuelle par leur hyper-présence dans tous les domaines (financier, alimentaire, industriel,…). Glass-Steagal dans tous les domaines ! Marre de la société de l’hyper-consommation, de la concentration à outrance des moyens de production et de l’illusion du choix…

      2. mutualiser les dettes : un vous révez, jamais les riches accepterons de partager avec les pauvres

        deux, ça ne résoudrait rien de toute façon, car la spéculation, le dumping fiscal et social seront toujours présents ; ça permettra de gagner du temps, ce qui ne fera qu’aggraver les écarts entre l’allemagne et les autres pays du sud et rendra encore plus difficile toute solidarité à l’échelle de l’europe

        la solution est de revenir aux monnaies nationales et à une réelle démocratie, ce qui suppose de mettre fin aux institutions européennes actuelles et aux traités .. OUF ..

      3. A Kohaagen

        C’est déjà à la nature et aux modalités de ces eurobonds « projets » que « tous ensemble » il serait bon de s’intéresser pour influer … c’est potentiellement demain. Alors que la scission des entreprises transnationales genre Standard Oil 1911 c’est … comment dire, moins proche et plus incertain.

        Question : A quoi l’Eurobond projet idéal doit-il ressembler pour entraîner l’Europe et ses peuples?

      4. @bertrand31
        « L’émission d’eurobonds peut permettre de rétablir un cercle vertueux avec la mutualisation des dettes qui permettra à chaque état européen d’emprunter au même taux, »
        En aggravant la situation financière des Etats qui garantiront cette nouvelle dette ? Manifestement, vous avez une conception très « personnelle » de la vertu économique.

        @kohaagen
        « Difficile quand on sait que le contrôle du budget est la prérogative historique sacrée des parlements nationaux (depuis la Grande Charte ?) … ou alors, on soustrait clairement et définitivement ce droit aux Etats membres mais… c’est sensible politiquement»

        Ce serait « politiquement sensible » car « profondément antidémocratique ».

        « FH en est conscient : il mise d’ailleurs sur des bonds particuliers visant à promouvoir l’investissement sur des projets définis et sur le rôle de la BEI. »

        C’est vrai mais son espoir est de pouvoir aller plus loin par la suite. Il s’agit toujours de cette fameuse politique des « petits pas » destinée à créer une situation irréversible impliquant de surcroît de poursuivre dans la même direction. Les socialistes ne cessent d’utiliser cet argument qui consiste à dire que puisque l’Europe va mal, il faut encore plus d’Europe. Que dirait-on d’un médecin qui considèrerait qu’il faut augmenter les doses lorsque le l’état du malade s’aggrave malgré le traitement prescrit … ou peut-être même à cause de celui-ci ?

        @Agequodagix
        « Nous étions au bord du gouffre et nous avons fait un bond en avant ! »

        La situation me paraît parfaitement résumée.

      5. « ou alors, on soustrait clairement et définitivement ce droit aux Etats membres mais… c’est sensible politiquement, voyez-vous ? Alors, 27 pays d’accord là-dessus ? Pas certain… » (kohaagen)
        « mutualiser les dettes : un vous révez, jamais les riches accepterons de partager avec les pauvres » (thierry)

        On pourrait imaginer des situations très dégradées où ça deviendrait possible !

        Exemple: en juin 40, juste avant que le pouvoir soit remis au maréchal Pétain, de Gaulle (ministre) et Churchil (premier ministre) ont essayé de contourner la défaite par un projet d’union franco-britannique avec un seul parlement et une seule armée (une idée de Jean Monet, déjà !)

        Si la menace d’un ennemi commun était claire pour les pays de l’UE, une telle tentative trouverait probablement des appuis sérieux dans chaque pays. C’est la situation inverse à laquelle on assiste puisque l’UE d’une part et la zone euro d’autre part sont les outils mis en oeuvre pour imposer un système économique et financier qui divise chaque pays entre ceux qui espèrent en profiter et ceux qui, avec des variantes, constatent qu’ils en souffrent déjà énormément.

        Ni la volonté de s’unir pour rembourser la dette ni le désir de s’unir pour ne pas la rembourser ne sont assez fort. A mon avis chaque pays (voire dans certains cas chaque région) préférera au contraire essayer de résoudre la question indépendamment des autres.

      6. en résumé les solutions techniques existent (comme la mise en place des eurobonds) mais sans une volonté poiltique commune rien ne peut aboutir. on cite souvent en exemple le « miracle » de la réunification allemande, mais les allemands de l »Ouest étaient prêts à faire les efforts nécessaires pour aider leurs compatriotes de l’Est à retrouver un niveau de vie comparable. On a oublié cette décision inimaginable de décrêter, du jour au lendemain, l’égalité des deux Deutsch Marks !Dans ce cas c’est une volonté politique soutenue par un enjeu très enraciné dans la population (mettre fin à séparation de l’Allemagne) qui a précédé une union monétaire et économique. En Europe on a dabord commencé par l’union économiique et monétaire en remettant à plus tard l’union politique. Et dans la crise actuelle on a l’impression contradictoire que l’on a jamais été aussi loin de cette union et que c’est aussi propice à des « breakthrough » qui pourraient changer radicalement la donne. Alors imaginez par exemple une déclaration commune de FH et AM: « Les dettes de la Grèce et des pays du Sud sont aussi les nôtres, nous proposons de les partager dans un esprit de solidarité et de réaffirmation du projet européen ! »

        1. Il ne faut pas oublier que la réunification de l’Allemagne a eu un coût pour tous les pays européens, dont les taux obligataires ont à l’époque monté à la suite de ceux de l’Allemagne.

      7. @bertrand31
        les allemands de l’Ouest étaient prêts à faire les efforts nécessaires pour aider leurs compatriotes de l’Est à retrouver un niveau de vie comparable.

        Et pour cause : ils formaient un seul peuple avec des institutions communes. Ce n’est pas le cas de l’Europe: les nations n’ont pas disparu, il n’y a pas de peuple européen (mais des peuples européens) et la solidarité européenne est de nature interétatique.

        En Europe on a d’abord commencé par l’union économique et monétaire en remettant à plus tard l’union politique

        Parce qu’on a voulu imposer aux peuples européens une union politique dont ils ne voulaient pas. On a utilisé pour cela la politique des « petits pas ». Pour les fédéralistes, la crise de la dette pourrait d’ailleurs être l’occasion d’un nouveau pas en avant. Cette façon de procéder est anti-démocratique. La démocratie exigerait au contraire de poser explicitement la question de l’union politique de l’Europe (et, accessoirement de respecter le verdict des peuples).

    2. QUATREMER ,…….on en pense ce qu’on veut…..mais , dans sa dernière livraison , il écrit ceci , qui mériterait peut-être réflexion(s) , surtout venant de sa part……(les grasses sont de mon initiative) :
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       » Mais imaginons que la Grèce joue le pire, c’est-à-dire la faillite, tout en restant dans la zone euro (c’est le souhait de 80 % des Grecs et les partis voulant clairement l’abandonner pèsent environ 25 % des suffrages exprimés). Elle n’aura certes plus droit à l’aide européenne et internationale (pas plus qu’aux marchés, mais c’est déjà le cas) et fera donc défaut sur ses (250) =150 milliards de dettes dont les deux tiers sont entre les mains de l’UE et du FMI qui se prendraient donc une paume. Mais comme son budget primaire est quasiment à l’équilibre (en dehors des intérêts de la dette), l’effort supplémentaire à effectuer sera infime au regard de ce qu’elle a déjà fait.

      Surtout, ses banques auront toujours accès aux liquidités de la Banque centrale européenne (sauf si celle-ci décide de couper ses financements avec le risque de contagion aux autres pays que cela comporte), ce qui évitera un naufrage de son système financier inévitable en cas de retour à la drachme, et ses entreprises endettées en euros ne feront pas défaut, ce qui serait le cas si la Grèce quittait la zone euro. Enfin, en restant dans l’Union et dans l’euro, la Grèce continuera par ailleurs à bénéficier des fonds européens qui sont loin d’être négligeables… En revanche, la Grèce aura un gros problème avec sa balance commerciale qui est gravement déficitaire : faute d’avoir accès aux financements extérieurs, à la suite de son défaut, les importations devront être réduites brutalement, ce qui sera douloureux et pourrait amener à des ruptures d’approvisionnement.

      C’est d’ailleurs la limite de l’exercice : la Grèce, quoi qu’elle en dise, ne pourra pas faire l’économie de réformes structurelles pour regagner des points de compétitivité sauf à s’appauvrir durablement (elle ne pourra plus financer son niveau de vie à crédit).
      Bref, le soulagement ne serait que temporaire, mais il pourrait tenter un gouvernement dirigé par la gauche radicale.  »
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    3. @carlo
      bien entendu, les européens ne forment pas un peuple homogène et appariennent à des nations dont l’intégration politique semble être un défi insurmontable à la différence de ce qui a pû permettre la réunification allemande. Mais c’est à nos politiques de faire preuve d’imagination, de m^me que c »est la fin de la guerre froide et la faillite du système soviétique qui ont rendu possible la réunification allemande, de même l’échec du modèle anglo-saxon libéral, financier et mercantile pourrait être surmonté au niveau européen en revenant aux valeurs essentielles d »une communauté comme sont la solidarité, la justice, l’éducation, le développement durable etc…

      1. @Bertrand31
        « de même l’échec du modèle anglo-saxon libéral, financier et mercantile pourrait être surmonté au niveau européen »
        Pour les libéraux, les difficultés actuelles de l’Europe tiennent au fait que le système n’est pas encore suffisamment libéral et c’est pourquoi ils appellent de leurs voeux des réformes structuelles permettant de remettre en cause les avantages acquis. C’est la doctrine de l’Allemagne, et non pas seulement celle de la CDU, comme on le dit parfois, car cette politique a été initiée par G. Schroêder et le souhait de l’Allemagne, et d’autres pays, est de la voir étendue à toute l’Europe.
        Ce que vous considérez comme un échec du libéralisme est en réalité pour les libéraux un motif pour exiger plus de libéralisme, de même que les problèmes liés à la création de l’euro sont, pour les européistes, un argument pour demander plus d’Europe. Cette réaction fait penser à celle d’un médecin pour qui il faut augmenter les doses lorsque l’état de santé d’un patient s’aggrave sous l’effet du traitement qu’on lui administre.

      2. @carlo

        C’est la doctrine de l’Allemagne, et non pas seulement celle de la CDU, comme on le dit parfois, car cette politique a été initiée par G. Schroêder et le souhait de l’Allemagne, et d’autres pays, est de la voir étendue à toute l’Europe.

        Alors vous aussi vous pensez que tout est écrit, tout est joué, que le seul but des allemands est d’imposer une Europe hyper-libérale ? Et bien, tel n’est pas mon avis, et je réfute les prophéties de Philippe Seguin rappelées ci-dessous. Même si je ne me fais pas d’illusions avec l’arrivée de FH, je pense que d’autres voies sont possibles à condition 1) que nos politiques passent preuve d’imagination, de courage, de dépassement des ego nationaux et de ténacité, 2) que les structures de gouvernance européenne évoluent vers un fédéralisme où les citoyens auront une place qui ne se réduira pas à des référendum à approuver/rejeter des constitutions. 3) que des projets européens soient lancés pour créer des emplois durables et régionaux dans les domaines les plus porteurs comme celui de la transition énergétique.

      3. @Bertrand31
        Je pense que d’autres voies sont possibles à condition 1) que nos politiques passent preuve d’imagination, de courage, de dépassement des ego nationaux et de ténacité

        Et comment nos politiques pourraient-ils dépasser les ego nationaux alors qu’ils sont élus pour défendre les intérêts de leur pays, y compris dans le cadre des institutions européennes? Pour qu’un « dépassement des egos nationaux » soit possible, il faudrait effectuer ce « saut fédéraliste » que les libéraux, y compris ceux du PS, appellent de leurs vœux mais auxquels les peuples européens ne semblent pas prêts.

        2) que les structures de gouvernance européenne évoluent vers un fédéralisme

        La structure ne doit pas « évoluer vers un fédéralisme ». Ce changement, s’il doit avoir lieu, ne peut se faire qu’avec l’accord des peuples concernés et non en les mettant devant le fait accompli par une série de « petits pas » destinés à enclencher un processus irréversible.

        3) que des projets européens soient lancés pour créer des emplois durables et régionaux dans les domaines les plus porteurs comme celui de la transition énergétique.

        L’emploi du mot « régionaux » ne me semble pas innocent. L’objectif des fédéralistes est d’abolir le cadre national au profit de ces entités artificielles que sont les régions.

        Même si je ne me fais pas d’illusions avec l’arrivée de FH
        J’ai le sentiment exactement inverse…

  5. Extrait d’un discours de Philippe Séguin à l’Assemblée le 5 Mai 1992

    II est temps de dire que bâtir l’Europe des Douze sur la peur obsessionnelle de la puissance de l’Allemagne est tout de même une bien étrange démarche, proche de la paranoïa. D’autant qu’à force de vouloir faire cette intégration à tout prix, on va finir par faire l’Europe allemande plutôt que de ne pas faire l’Europe du tout, ce qui serait un comble.

    Il ne servira à rien de tenter de ficeler l’Allemagne. Car l’Allemagne, et c’est bien naturel dans sa position, et avecles moyens dont elle dispose, ne renoncera à sa souveraineté que si elle domine l’ensemble, certainement pas si elle lui est subordonnée.

    Le débat qui se développe en ce moment en Allemagne à propos de Maastricht en fait la démonstration : les Allemands veulent bien d’une banque centrale européenne, mais seulement si celle-ci est peu ou prou entre les mains de la Bundesbank, et d’une monnaie unique, si celle­-ci s’appelle le mark.

    Le discours complet

    En relisant ce discours on se dit que la crise de la dette des états-nations, est une aubaine pour un coup d’Etat des « fédéralistes » de Bruxelles ou de Francfort.

    1. ç’est bien évident, ç’est le but recherché : le but de la démarche européenne est d’enlever la souveraineté aux états nations, de ce fait affaiblir leurs ressources (on les prive du droit de créer de la monnaie, du droit de se protéger commercialement, etc..) et une fois que le mal est fait de s’imposer et d’imposer des règles de gouvernance tout en faisant croire que l’on va être le sauveur .. ç’est la démarche du pire : barroso, lagarde, cohn bendit, sarkosy, merckel et tous leurs appuis, même combat … ce sont eux les responsables de la montée des extrèmes en europe, eux les fascistes européens, eux les tenants de la politique du pire

      ça va finir comme l’ex bloc de l’est : une fois qu’un pays se sera tiré, cela va vite faire boule de neige, chacun voudra reprendre sa liberté

      le discours de Séguin est remarquable : il avait décrit avec 20 ans d’avance tout ce qui allait se passer ; il faudrait le diffuser dans toutes les écoles françaises

      1. @thierry
        « Une fois que le mal est fait [il s’agit alors de] s’imposer et d’imposer des règles de gouvernance tout en faisant croire que l’on va être le sauveur .. ç’est la démarche du pire »

        Absolument d’accord.
        J’ajouterai un argument : le passage à l’euro a nécessité de tels sacrifices qu’on préfère se persuader que ceux-ci n’ont pas été vains et que de nouveaux « pas en avant », par exemple sous la forme d’eurobonds bien nommés, nous sauveraient.
        C’est un réflexe humain de poursuivre dans la même voie en se disant qu’on finira bien par toucher au but plutôt que de changer de direction lorsqu’on a acquis la certitude d’avoir emprunté un mauvais chemin (au demeurant, après avoir été mis en garde)..

      1. Visionnaire, c’est beaucoup dire.
        Je vois deux qualités notables à la source de ce qui peut apparaître ici comme de la clairvoyance:
        – des options plutôt progressistes et sociales, ce qui lui évitait certaines grosses balivernes conformes
        – le goût de parler avec une certaine franchise à ses heures.

  6. La boite à coucou n’est pas morte

    38 $ offrez vous la part du reve , et surtout un pouillème de 24 Milliards
    c’est bizarre à la radio j’en étais à 100 milliard hum hum

    Voyons combien de commissions pour refourguer 14 Milliards de titres en les vendant 22 Milliards ?

    A relire comment se faire des amis de Dale-Carnegie.

    Sinon pour la même somme vous aurez 12 actions et des poussières à 3,00 piece et un pouillème de 7 Miliards et plein d’occasions de vous faire des amis en grece

    de toute façon il va pleuvoir tout le week end

  7. « Dessinée par le FMI suivant les conseils américains, une nouvelle mode va être lancée à l’occasion du défilé du « G8 » de cette fin de semaine. Elle conjugue avec hardiesse austérité et croissance, mais le secret de son assemblage reste encore à être percé des deux côtés de l’Atlantique »

    la ri-lance?

    sacrée Christine

  8. Pendant ce temps là aux USA, les faillites de banques s’enchainent.
    Boh! des petites banques; pfff! too small to save, dirait sans doute Jamie Dimon patron de JP Morgan!

    La dernière en date est la Alabama Trust Bank of Sylacauga.
    Elle est la 24ème depuis le 1er janvier 2012 à être fermée par la FDIC.

    Mais à part ça…, tout va très bien mme la Marquise, tout va très bien, tout va très bien…

    Voir Boston.com ou Reuters en tapant le nom de la banque.

    1. Investissements suisses massifs ?
      La confédération déverse des milliards de Francs pour le maintenir à seulement 1.20 Euros.
      Faut bien qu’ils aillent quelque part.

  9. Paul Jorion a ouvert son blog il y a 4 Ans.
    Ici ont été dit TOUS les déréglements du capitalisme.
    Sa mort en plusieurs fois …!!!( Cf une certaine ex-chanteuse évoquant la fin terrestre de son époux actuel..) se prolonge,s’étire,fait opérer des circonvolutions à une race du genre « cheminadien » ( = hors du commun) de mafieux ,mafieux qui détiennent tous les pouvoirs.
    Nous les méprisés-bafoués-piétinés,combien de temps encore ???
    –A subir ,muets …? ou ,mieux =
    –Avant de prendre ces pouvoirs par l’extirpation des tumeurs mafieuses ?
    Ensuite nous aviserions. :
    Il existe plus de matière grise chez 7 milliards d’ Etres humains que chez quelques milliers de mafieux séniles et lubriques.
    Alors ?
    On continue de jouer ,de jouer perdant (à tous les coups l’on perd) ou bien on leur dit :
    M…

  10. Si cela pouvait répondre à leurs exigences
    et calmer leurs inquiétudes, on leur ferait bien les pieds au mur, aux marchés.

  11. @Yann Q
    « Le même docteur ne peut-il changer le traitement du malade ? »
    Ce serait en effet préférable.

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